Un voyage inédit

Web-association des auteurs

présente

dissémination de septembre 2014

Ecrire au monde entier

un thème proposé par

Laurent Margantin

Les textes que je vous invite à découvrir ont été écrits par des adultes francophones qui apprennent ou ré-apprennent à lire et à écrire. Textes écrits dans l’urgence d’un cours du soir hebdomadaire, par des personnes de toutes origines géographiques, jeunes d’ici et d’ailleurs réfractaires au système scolaire, femmes de la Terre de Feu, d’Afrique Noire. Textes écrits — en écho à ceux d’auteurs publiés sur le web — comme dans une langue neuve, inédite, étrangère.

Je me déplace en vélo pour aller au travail certains jours je prends la voiture pour aller au travail il y a des jours où il fait froid et d’autres qu’il fait beau et pour aller au travail le trajet est rapide et il y a des places de parc pour le vélo quand je prends la voiture il y a des places à côté je dois me parquer mais il n’y a pas toujours de la place je dois aller ailleurs pour trouver une autre place.

Un jour je marche avec ma famille

Un jour je ne marche plus en famille

Un jour je marche avec mon fiancé

Un jour je continue de marcher avec mon fiancé

Un jour je marche seule

Et là un jour je continue de marcher avec mon copain

Et là je marche toujours avec des amis

Et je marche toujours pour muscler les pieds

Un jour je marche droit sur une route

Et un jour je marche à côté des personnes

Il se levait à six heures avec une envie d’apprendre des nouvelles choses. Il se levait il buvait son café prenait son petit-dèj devant la télé ensuite il se préparait pour partir une fois sorti de la maison il allumait son mp3 c’est parti. Il arrivait au dépôt il se changeait parlait avec ses collègues. Une fois prêt ça reboit un café. Le patron donnait son planning ensuite il partait sur le chantier il préparait son matériel il travaillait souvent avec l’apprenti de deuxième il aimait bien faire des blagues. Le bruit des rouleaux des machines du petit chauffage toute la journée, cinq heures trente finissait le travail prenait la voiture rentrait au dépôt il se changeait prenait le train rentrait.

J’avais trente ans j’allais toujours au marché et je prenais le bus à l’arrêt pour aller vendre les marchandises je mangeais à midi après je prenais le bus pour rentrer j’habitais dans la ville on l’appelait Aubala. Après deux ans je l’ai quittée pour me rendre au village et là-bas au village j’ai trouvé les gens qui étaient gentils j’allais souvent les trouver on discutait les choses de la vie et quand la nuit tombait tout le monde rentrait chez lui on se disait bonne nuit gros bisous dormez bien à demain.

Je rentre dans une chambre de trente mètres carrés je suis avec mon bidon de vingt-cinq kilos. Je vais commencer à peindre mes murs. Je ne vais pas commencer à peindre le milieu du mur, je commence toujours par le sens de la lumière. Je rentre dans la chambre il y a une porte en bois, je peux la faire soit en peinture synthétique, ou à l’eau. J’ai ma caisse à pinceaux qui contient des pinceaux à radiateur et à pouce à base de poils de cochon. J’ai mes rouleaux à dispersion naturels, à base de poils de moutons. Dans ma caisse à outils j’ai mes mastics, le 2K pour le bois, j’ai mon mastic en poudre pour les murs, j’ai mon acrylique pour la finition avec le scotch.

A Santiago du Chili, ma chambre était au deuxième étage dans une vieille maison, mon lit en métal avec des couvertures en laine, des draps en coton qui étaient très froids en hiver. Cette chambre elle était petite, il y avait un tapis rouge, une petite armoire et une table pour poser mon sac d’école. Dans le toit il y avait une grande fenêtre où parfois je regardais les étoiles.

Par la fenêtre de la salle de cours je vois la rue des Moulins qui descend dans la rue il y a les feux rouges les voitures arrivent au feu s’arrêtent pour attendre leur tour pour passer. Je vois les gens qui passent à la rue d’autres sont bien d’autres ne sont pas bien parce que les gens ont beaucoup de soucis la vie n’est pas facile pour tout le monde.

Avec mon premier oeil je vois de la neige.

Avec mon deuxième oeil je regarde la matière de la neige.

Avec mon troisième oeil, je vois des animaux qui se baladent.

Avec mon quatrième oeil, je vois de la neige sur les arbres et des enfants qui jouent à faire des bonhommes de neige.

Avec mon cinquième oeil, je regarde la montagne et respire l’air naturel.

Avec mon sixième oeil, je regarde la construction des chalets et le village et ses loisirs.

Avec mon septième oeil, je vois des toits de maison couverts avec de la neige.

Notes

1. En écho : Charles Pennequin, Un jour Laurent Margantin, Nuit de Sindelfingen Georges Perec, Espèces d’espaces, la page ; La Vie mode d’emploi, Chapitre LVII Josée Marcotte, Yeux 2. Adressés « au monde entier », d’autres textes sont à lire sur Espèce de blog 3. Image : embarcadère pour l’île Saint-Pierre, Ligerz, Suisse, août 2014