Merci à Laurent Margantin de nous offrir sa traduction du Journal de Kafka en format epub, à télécharger ici :

Journal Kafka epub

 

Franz Kafka, Journal 1910, Extrait

1.2 Les spectateurs se figent quand le train passe.

1.3 Sa gravité me tue. La tête dans le faux col, les cheveux figés et bien ordonnés sur le crâne, les muscles au bas des joues tendus à leur place

1.4 Est-ce que la forêt est toujours là ? La forêt était encore à peu près là. Mais à peine mon regard avait-il fait dix pas que je renonçai et me laissai reprendre par la conversation ennuyeuse.

1. 5 Dans la forêt sombre dans le sol détrempé je ne m’orientais que grâce au blanc de son faux-col.

1.6 En rêve je priais la danseuse Eduardowa d’accepter quand même de danser la czardas encore une fois. Elle avait une large bande d’ombre ou de lumière à travers le visage, entre le bas du front et le milieu du menton. Quelqu’un est venu juste à ce moment-là en faisant les gestes dégoûtants d’un intrigant qui s’ignore, pour lui dire que le train allait partir. A la manière qu’elle eut d’écouter cette information, j’ai été envahi par la conscience terrible qu’elle ne danserait plus. « Je suis une femme méchante et mauvaise n’est-ce pas ? » dit-elle. Oh non dis-je pas ça et je me suis apprêté à partir dans n’importe quelle direction.

1.7 Auparavant, je l’ai questionnée sur les nombreuses fleurs qu’elle portait dans sa ceinture. « Elles viennent de tous les princes d’Europe » dit-elle. Je me suis demandé ce que ça pouvait bien vouloir dire, que ces fleurs fraîches dans sa ceinture eussent été offertes à la danseuse Eduardowa par tous les princes d’Europe.

1.8 La danseuse Eduardowa, une passionnée de musique circule en tramway comme partout accompagnée de deux violonistes qu’elle fait souvent jouer. Car il n’y a aucune interdiction qui empêcherait de jouer dans le tramway si la musique est bonne, agréable aux voyageurs et ne coûte rien, c’est-à-dire si l’on ne passe pas ensuite parmi les voyageurs pour recueillir de l’argent. Il est vrai que c’est un peu surprenant au début et que chacun trouve ça incongru pendant quelques instants. Mais en pleine marche, avec un fort courant d’air et dans une rue silencieuse, c’est une mélodie charmante.

 Image : nationale 79, Allier, France

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